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Allocution du Coordonnateur du CTO-CCRS a l’occasion de la conférence organisée par l’union des ingénieurs agronomes africains a rabat au Maroc

Mar 28, 2022

Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts

Madame la Directrice du Centre de Compétences en Changement Climatique (4C Maroc) ;

Monsieur le Modérateur ;

Chers participants à vos titres et gardes,

Je voudrais tout d’abord à l’entame de mon propos, présenter mes vifs remerciements à l’Union des Ingénieurs Agronomes Africains pour l’aimable invitation qui m’a été adressée afin d’apporter ma modeste contribution dans le cadre des activités de cette importante conférence placée sous le thème « La sécurité alimentaire en Afrique face aux défis des changements climatiques et la croissance démographique ». Aussi, permettez-moi de saluer la création de cette organisation continentale devant contribuer au renforcement de la coopération et du partenariat entre les Etats africains dans les domaines du développement agricole et durable.

Je ne doute point que cette Union professionnelle à laquelle j’attache une affinité professionnelle, étant agronome de base, puisse apporter sa contribution au renforcement de la durabilité de l’Agriculture africaine soumise aux chocs multiples notamment les phénomènes extrêmes : sécheresse, perturbation de la dynamique des ressources hydriques, faible capacité des techniques de production, dégradation du capital productif et tout ceci, au grand dam des populations fortement dépendantes de ce secteur.

Mesdames et Messieurs,

Ma contribution aux échanges s’articulera autour du rôle des initiatives climatiques régionales dans le renforcement de la synergie et de la cohérence des politiques de sécurité alimentaire notamment, le cas de la Région du Sahel. En effet, force est de constater, depuis un certain temps, une multiplicité de politiques, stratégies et programmes et ce, tant au niveau national que régional parmi lesquels notamment, le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) conçu pour mettre l’accent sur l’investissement devant permettre d’impulser un nouveau souffle au développement du secteur agricole et rural du continent à travers ses axes interdépendants suivants :

  • (i) étendre les superficies sous gestion durable des terres et les systèmes fiables de contrôle de l’eau ;
  • (ii) renforcer l’infrastructure rurale et les capacités commerciales en vue d’améliorer l’accès au marché ;
  • (iii) accroître l’approvisionnement alimentaire et réduire la faim ;
  • (iv) fournir l’appui scientifique nécessaire à la production et la compétitivité à long terme à travers la recherche et la vulgarisation agricoles et l’adoption des technologies.

Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat, plusieurs initiatives climatiques sous régionales et régionales ont vu le jour en termes de réponses au défi d’une meilleure gouvernance de ce secteur en Afrique. Il s’agit notamment des Commissions Climat Africaines dédiées à la Région du Sahel, au Bassin du Congo, aux Etats Insulaires d’Afrique ainsi que l’Initiative 3A, Adaptation de l’Agriculture Africaine. C’est le lieu de renouveler encore une fois de plus, un grand hommage à Sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l’Assiste, pour son leadership qui était à la faveur de la création de ces initiatives notamment en marge de la COP22 lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement Africains dit « Sommet de l’Action en faveur d’une co-émergence continentale ».

Mesdames et Messieurs,

S’agissant de la Commission Climat pour la Région du Sahel dont la présidence est assurée par la république du Niger, dès l’enclenchement du processus de son opérationnalisation, elle a initiée l’élaboration d’un rapport diagnostic sur la vulnérabilité aux changements climatiques de la Région du Sahel couvrant 17 pays allant du Cap vert à Djibouti. Ce grand espace s’étend ainsi sur 10,5 millions km2 de superficie territoriale (soit 33% de la superficie du Continent africain) pour une population d’environ 500 millions d’habitants (soit 43% du total pour l’Afrique), avec des densités de populations très variables d’un pays à l’autre (4,2 hab/km2 en Mauritanie contre 124 au Cap Vert). Deux des 17 pays concernés, le Nigéria et l’Ethiopie, regroupent à eux seuls environ 59% du total démographique de la Région du Sahel. Tous ces 17 pays partagent en commun des caractéristiques géo-climatiques similaires qui en font un espace homogène.

Ce rapport a ainsi permis de ressortir l’état de la vulnérabilité des populations et de leurs moyens d’existence et par ailleurs de tirer les leçons des expériences de lutte contre les changements climatiques de la Région en s’appuyant sur les cas des bonnes pratiques à capitaliser et à vulgariser. Parmi ces cas, faudrait-il noter l’Initiative 3N, les Nigériens Nourrissent les Nigériens, une initiative dont la mise en œuvre a permis sur une décennie, la réduction drastique des épisodes de crises alimentaires malgré les années récurrentes de déficits pluviométriques. Cette initiative a aussi permis de gagner le pari que sécheresse ne rime plus avec famine au Niger et de contribuer à la réduction sensible du niveau de pauvreté de 48 à 40% sur la décennie qui vient de s’écouler. Le succès de cette stratégie qui fait école dans la sous-région a ainsi inspiré la FAO de la retenir comme modèle dans ses interventions.

Mesdames et Messieurs,

La Commission Climat pour la Région du Sahel convaincue du rôle primordial qu’est le sien notamment face à la problématique de la sécurité alimentaire, entend-t-elle apporter sa contribution sous les quatre axes suivants :

  • Axe 1 : appui à la création d’une synergie d’actions entre tous les acteurs intervenant dans la résilience des populations sahéliennes et leurs moyens d’existence ;
  • Axe 2 : mise en œuvre d’actions devant permettre une cohérence des politiques et stratégies nationales, sous régionales et régionales ;
  • Axe 3 : renforcement des capacités de plaidoyer pour la mobilisation des ressources ;
  • Axe 4 : renforcement de la coopération sud-sud.

Pour le premier axe, il s’agira de veiller à la mise en place et à l’opérationnalité des cadres de concertations appropriés entre acteurs : les Etats, les Partenaires Techniques et Financiers, le secteur privé, les organisations de la société civile, tout en favorisant les arrangements institutionnels requis à tous les niveaux.

Le second axe devrait permettre d’encourager l’approche régionale de la mise en œuvre des programmes à travers notamment une approche participative dans la formulation des projets de résilience structurants et une programmation des interventions cohérentes aux cadres nationaux et régionaux.

Le troisième axe s’accentuera sur le renforcement des capacités des pays et de tous les acteurs de la résilience, en matière de connaissance des procédures et mécanismes de la finance climat et ce, afin de permettre une meilleure levée et utilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre des programmes et projets structurants de résilience dans la Région du Sahel.

Quant au quatrième axe, il consistera à promouvoir le partenariat en matière de partage de bonnes pratiques tant au niveau stratégique qu’opérationnel entre les pays, les sous-régions et entre les institutions et structures intervenant dans la résilience climatique en Afrique.

Mesdames et Messieurs,

C’est le lieu de se réjouir de l’exemple réussi de collaboration du 4C Maroc avec les Commission Climat africaines et ce, conformément aux directives et orientations des plus hautes autorités respectives. Aussi, s’agissant de l’Union des agronomes africains, nous fondons l’espoir qu’elle apportera son concours dans ce domaine et ce, en réitérant solennellement la disponibilité de la Commission Climat pour la Région du Sahel à œuvrer pour une collaboration synergétique dans cette dynamique. En vous félicitant pour la parfaite organisation de cette importante conférence, je souhaite que la présente contribution serve à nourrir les échanges tout au long des travaux.

Je vous remercie de votre aimable attention.