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Discours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement du Niger, SEM Ouhoumoudou Mahamadou à la ceremonie d’ouverture de la quatrième Reunion Ministerielle de la Commission Climat pour la Région du Sahel (CCRS)

Oct 24, 2022

Niamey, le 20 octobre 2022

  • Madame la Ministre de l’Environnement, Monsieur l’Ambassadeur du Maroc, Représentant de Madame la Ministre de la Transition Energétique et du Développement Durable du Maroc, Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégation des pays membres de la Commission Climat pour la Région du Sahel,
  • Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Députés, Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et Représentants des Organisations Internationales,
  • Mesdames et Messieurs les représentants des Partenaires Techniques et Financiers,
  • Monsieur le Gouverneur de la Région de Niamey,
  • Distingués Invités,
  • Mesdames et Messieurs,

 Je tiens tout d’abord à souhaiter la chaleureuse bienvenue, à Niamey, à l’ensemble des délégations présentes à cette importante rencontre régionale qu’est la quatrième Réunion Ministérielle de la Commission Climat pour la Région du Sahel.

Je voudrais, au nom du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence MOHAMED BAZOUM, vous faire part de l’immense plaisir que le Niger retrouve en accueillant la présente rencontre. Je voudrais aussi saluer, à juste titre, la présence remarquée des délégations des pays des autres Régions des Commissions notamment celle du Bassin du Congo et celle des Etats Insulaires.

           Mesdames et Messieurs,

L’Assemblée Générale de l’Union Africaine tenue les 30 et 31 janvier 2017 à Addis Abeba a entériné la création des trois commissions climat pour l’Afrique, par sa décision relative à « l’engagement de l’Afrique aux négociations mondiales sur le changement climatique à la COP 22 ». Il s’agit des Commissions Climat pour la Région du Sahel présidée par le Niger, celle du Bassin du Congo présidée par la République du Congo et celle des Pays Insulaires présidée la République des Seychelles. Le Niger, pays assurant la coordination de celle dédiée à la Région du Sahel, a pris toutes les dispositions pour accélérer le processus de son opérationnalisation.

Grâce à l’engagement résolu du Président de la République, Chef de l »Etat, au soutien des autres pays membres de la Commission Climat pour la Région du Sahel et à l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, la région du Sahel dispose d’une institution qui permet davantage la synergie entre les acteurs ainsi que la mobilisation des ressources en faveur de la mise en œuvre des actions cohérentes de lutte contre le changement climatique et les autres défis subséquents.

Le processus d’opérationnalisation de cette institution a permis au cours de ces cinq (5) dernières années d’aboutir à des résultats salués par l’ensemble des parties prenantes. Ainsi, faudrait-il relever sans être exhaustif :

  • la mise à la disposition de la Commission par le Niger d’un bâtiment aménagé et équipé pour lui servir de siège ;
  • l’opérationnalisation effective des instances techniques et politiques de la Commission Climat pour la Région du Sahel ;
  • l’élaboration et l’adoption des cadres stratégiques de la Commission notamment, le rapport diagnostic sur la vulnérabilité des pays du Sahel, le Plan d’Investissement Climat pour la région du Sahel et son Programme Prioritaire pour catalyser les investissements climat au Sahel ;
  • la définition des cadres de concertation et le renforcement de la synergie d’actions entre les institutions partenaires ;
  • l’organisation d’événements de plaidoyer et de mobilisation des ressources notamment, une table ronde sur le financement du Plan d’Investissement Climat pour la Région du Sahel le 26 février 2019 à Niamey, une réunion consultative de haut niveau sur le Sahel et le lancement officiel de la nouvelle offre du PNUD pour le développement du Sahel à New York respectivement le 22 septembre 2019 et le 9 décembre 2021 ;
  • l’élaboration de programmes et projets structurants en cohérence avec les cadres stratégiques de la Commission ;
  • la conduite de deux études stratégiques relatives aux textes règlementaires du Secrétariat Permanent de la Commission et du Fonds Climat Sahel.

 Mesdames et Messieurs,

La tenue de la présente Réunion Ministérielle s’inscrit justement dans le cadre de l’examen et de la validation des résultats issus de ces deux études stratégiques ainsi que de la préparation de la deuxième Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Commission.

S’agissant de l’étude relative à la mise en place du Fonds Climat Sahel dont le processus de validation technique est finalisé après trois réunions régionales des experts de la Commission, ses résultats ont montré qu’au-delà de son caractère innovant, ce Fonds devrait potentiellement permettre de :

  • Lever à partir de 2023, deux (2) milliards de dollars sur les cinq premières années dont 90% auprès des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux ;
  • Financer sur 5 ans, 1,9 milliard de dollars de projets climatiques régionaux et nationaux ;
  • Renforcer les capacités des pays membres de la Commission;
  • Créer un cycle vertueux qui s’auto alimente par la combinaison de la rentabilité et de l’impact environnemental et sociétal positif.

Au regard de ces résultats positifs, le Fonds Climat Sahel constitue assurément un véritable outil innovant et adapté pour le financement des priorités d’actions climatiques et le renforcement des capacités des acteurs de la région du Sahel éprouvant des difficultés majeures pour accéder aux ressources des autres mécanismes multilatéraux aux procédures complexes.

Faudrait-il rappeler que la mise en place d’un tel Fonds pour le Sahel est l’une des décisions issues de la 1ère Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenue en février 2019 à Niamey. Cette décision a été portée par le Président de la République du Niger, Président de la Commission Climat pour la Région du Sahel, lors du sommet des leaders mondiaux tenu en marge de la COP 26.

C’est ainsi qu’il a saisi cette occasion pour lancer à nouveau un vibrant appel à la communauté internationale pour la mise en place d’un Fonds spécial climat pour le Sahel et ce, à l’instar des autres mécanismes dédiés aux pays insulaires menacés par l’augmentation du niveau des océans.

Quant à l’étude relative aux textes réglementaires du Secrétariat Permanent de la Commission, ses résultats ont pu dégager le cadre et les dispositions d’arrangement institutionnel cohérent aux missions assignées à la Commission.

Ce qui permet de doter son organe opérationnel de l’ensemble des instruments devant lui garantir un fonctionnement régulier et durable conformément aux orientations issues de la 1ère Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

 Mesdames et Messieurs,

Je voudrais saisir la présente occasion pour féliciter l’ensemble des experts des pays membres et ceux des partenaires techniques et financiers ainsi que toutes les personnes ressources mobilisées dans le cadre de la conduite de ces deux études.

Je voudrais aussi adresser mes vives félicitations au Coordonnateur du Cadre Transitoire Opérationnel de la Commission et à son équipe pour le succès de la mise en œuvre de la feuille de route ayant permis d’enregistrer les résultats physiques, stratégiques et opérationnels appréciables au cours de ce processus que nous nous devons de capitaliser.

Relativement à l’opérationnalisation du Secrétariat Permanent ainsi que celle du Fonds Climat Sahel, il me plait de rassurer, au nom du Président de la République, Président de la commission Climat pour la Région du Sahel, l’ensemble des parties prenantes du soutien continu et indéfectible du Niger pour contribuer à leur succès.

 Mesdames et Messieurs,

Dans le cadre de l’agenda de la diplomatie climatique internationale, il y a lieu de souligner que la présente rencontre se tient à la veille de la COP 27 qui se tiendra, à Charm el-Cheikh, en Egypte, en novembre 2022. Ce sixième rendez-vous international de l’agenda climat après l’Accord de Paris reste aussi déterminant pour les pays africains en quête de solution durable pour le financement de leurs politiques climatiques. La présente rencontre est donc une occasion pour exprimer la solidarité et l’adhésion des pays de la région du Sahel à la position africaine ainsi que leur soutien au pays frère hôte de la COP27.

C’est aussi l’occasion de montrer à la face du monde l’importance du soutien des initiatives régionales comme gage d’une véritable réussite de la lutte contre le changement climatique à travers notamment la promotion d’actions contribuant au renforcement de la résilience des populations et à l’effort mondial de réduction des gaz à effet de serre. Dans cette dynamique, il est important de changer le narratif qui a toujours été soutenu notamment par les pays africains en matière de plaidoyer en faveur du financement de leurs politiques climatiques.

Les pays africains doivent, en effet, se départir d’un narratif de plaidoyer s’appuyant sur des cris d’alarme pour un nouveau paradigme promouvant les potentiels dont regorge le continent dans le cadre de la mise en œuvre d’actions d’adaptation et d’atténuation permettant de contribuer significativement à l’effort global de réduction des gaz à effet de serre tout en renforçant la résilience de leurs populations.

 Mesdames et Messieurs,

Pour le cas de la région du Sahel, au lieu de s’appuyer sur la situation de vulnérabilité induite par le phénomène, il est plutôt pertinent de mettre en exergue le potentiel d’actions d’atténuation et d’adaptation pouvant être mises en œuvre. Ce, à travers notamment la valorisation des ressources énergétiques renouvelables ainsi que la gestion durable des terres concourant à l’atteinte de la sécurité alimentaire, au renforcement du capital de la biodiversité et à la production de crédit carbone.

Aussi, pour le cas du Bassin du Congo, plutôt que de mettre l’accent sur la menace de la dynamique des tourbières impactées par le changement climatique, il faudrait plutôt mettre en exergue le rôle majeur que devrait jouer cette grande région à la régulation du climat à travers notamment la mise en œuvre d’un ensemble de paquets d’actions de préservation et de valorisation de son écosystème.

S’agissant des Etats insulaires africains, plutôt que de s’appuyer sur la menace de leur quasi disparition face à l’inaction, il faudra qu’à travers un nouveau paradigme de plaidoyer que le potentiel d’actions durables dans le cadre de l’économie bleue soit porté comme important à promouvoir pour la préservation des écosystèmes marins qui jouent un rôle décisif dans la régulation de la dynamique globale du climat. En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouverte la 4ème Réunion Ministérielle de la Commission Climat pour la Région du Sahel.

Je vous remercie.

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