Mesdames et Messieurs,
Pour consolider le compromis de Glasgow, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat a publié deux rapports, cette année, où il nous alerte en indiquant que les engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mèneront d’ici à la fin du siècle à un réchauffement deux fois plus grand que l’objectif de l’Accord de Paris.
Il se dégage de cette alerte que pour éviter les pertes et les préjudices catastrophiques prévisibles, il est urgent d’accélérer les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre en respectant la justice et l’équité.
Si nous savons que l’Afrique est le continent le plus vulnérable de la planète, il nous paraît dès lors impérieux que la COP 27 et toutes les rencontres sur le climat qui vont suivre prêtent une attention spéciale à ses besoins spécifiques.
Les préoccupations du continent sont les suivantes :
1. la définition d’un nouvel objectif collectif quantifié de financement climatique en tenant compte des besoins des pays en développement ;
2. une définition claire des mécanismes qui seront utilisés par les pays développés en vue de respecter leur engagement de doubler annuellement le financement de l’adaptation d’ici à 2025 ;
3. une prise en charge des pertes et préjudices à travers l’établissement d’un organe de gouvernance et des arrangements de financement précis;
4. l’engagement des principaux pays émetteurs à réduire leurs objectifs de réductions de gaz à effet de serre à 1,5°C ;
5. et enfin une transition énergétique juste, inclusive et équitable.
Une telle transition devrait permettre à l’Afrique d’exploiter ses ressources énergétiques notamment fossiles, condition sine qua non, pour favoriser son développement industriel durable et éradiquer la pauvreté.
Mesdames et Messieurs,
A l’intérieur de l’Afrique, le Sahel est assurément la région présentant les plus grandes vulnérabilités et mérite à ce titre un traitement particulier au regard des défis combinés auxquels elle fait face. Il s’agit des défis sécuritaire, climatique, migratoire, sanitaire, alimentaire et démographique.
Nous ne le dirons jamais assez, la violence qui ravage aujourd’hui le Sahel a partie grandement liée avec le désastre climatique que subit cette région.
C’est pourquoi le Niger se réjouit des initiatives régionales qui sont prises pour atténuer les impacts du changement climatique comme l’Initiative de la Grande Muraille Verte et la Commission Climat pour la Région du Sahel. Ces initiatives visent en effet à contribuer à la sécurité alimentaire, la sauvegarde de la biodiversité, la préservation du capital naturel qui permet de renforcer l’adaptation et la résilience des populations et des écosystèmes.
Le Niger se félicite de la création du Fonds Climat Sahel. Ce fonds est un instrument innovant et adapté pour le financement des actions climatiques et pour l’accompagnement technique régulier et soutenu des acteurs de la Région du Sahel qui éprouvent des difficultés à accéder aux ressources des mécanismes multilatéraux du fait de leurs procédures complexes.
La mise en place de ce Fonds dont la première capitalisation sur 5 ans devrait mobiliser 2 milliards de dollars contribuera à la mise en œuvre de l’Initiative de la Grande Muraille Verte à travers des actions promouvant entre autres, l’atteinte de la sécurité alimentaire, la valorisation du potentiel des énergies renouvelables ainsi que du capital humain et le développement des emplois verts.
Mesdames et Messieurs,
Comme on peut le voir, les promesses de financement de l’adaptation consacrées par les différentes rencontres sur le climat ne manquent pas de pertinence. Mais entre leur conception et leur réalisation il y a loin de la coupe aux lèvres.
C’est pourquoi il faut définir de façon urgente les règles de la mise en œuvre des engagements souscrits.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
source: COP 27 – Discours du Président de la République S.E.M Mohamed Bazoum — Présidence de la République du Niger (presidence.ne)